mercredi 15 février 2012

L'augmentation des frais de scolarité, non!

Ce matin, en écoutant la radio, j’ai appris que les étudiants en gestion de l’UQÀM étaient contre la grève. Je me suis dit que les choses n’avaient pas beaucoup changé depuis 2005. Cette année-là, j’étais étudiante en communication, profil relations publiques, à l’UQÀM, et la grève, je la souhaitais. Loin de penser comme mes collègues de classe pourtant, qui étaient pour la plupart contre la grève. On peut supposer qu’une grande majorité d’entre eux avaient la chance d’avoir leurs études payées par leurs parents et ne voulaient pas retarder leur cheminement. Quand le problème ne nous concerne pas…

De mon côté, j’ai payé mes études universitaires. Comment? À l’aide d’un prêt étudiant. Je me suis évidemment retrouvée avec une dette d'étude  à la fin de ma scolarité. Imaginons que ce montant, qui est déjà considérable pour un jeune entrant sur le marché du travail, double ou même triple. Avec un coût de la vie qui ne cesse d’augmenter et un salaire qui ne suit pas en conséquence, on est loin d’une situation idéale. Prenez l’accès à la propriété : il est déjà difficile pour ma génération de devenir propriétaire, alors imaginez sortir de l’université endetté jusqu’au cou. Oubliez la maison pour encore plusieurs années!  

Pourquoi chacun n’aurait pas droit à l’égalité des chances?  Pourquoi quelqu’un qui, à la loterie des naissances, a eu la chance de naître dans un milieu aisé, aurait davantage de possibilités qu’une personne née dans un milieu modeste? Deux personnes, avec le même potentiel, mais dont la condition sociale tracera d’avance la destinée. C’est ce que nous voulons au Québec? Rima Elkouri, chroniqueuse à La Presse, aborde cette question ici.

La réalité, c’est aussi que plusieurs étudiants n'ont d'autre choix que de travailler durant leurs études, à raison d'une vingtaine d'heures par semaine, et ils peinent déjà à arriver en plus de voir leurs notes affectées par leur emploi du temps chargé. Des notes plus faibles, c’est parfois une occasion de bourse d’étude manquée.

L’augmentation des frais de scolarité peut faire en sorte qu’un étudiant avec peu de moyens financiers y songera peut-être à deux fois avant d’entreprendre des études universitaires. Ou il reconsidérera peut-être son choix d’aller étudier dans un domaine qui le passionne vraiment, parce que moins payant au final. Si on sort déjà fortement endetté d’études au baccalauréat, qu’en dire des études aux cycles supérieures? Le Québec est l’une des provinces, sinon la province, avec le plus haut taux d’étudiants au 2e et 3e cycle. Pourquoi ne pas en être fier et vouloir conserver cet acquis?

Sincèrement, je pense que nous avons un choix à faire en tant que société. Si l’éducation est une priorité, ce n’est pas aux étudiants qu’il faut refiler la facture. Arrêtons de nous comparer aux autres provinces canadiennes. Sont-elles des exemples à suivre? Non! Nous voulons une société éduquée qui contribuera à l’avancement du Québec? Agissons en conséquence! 

1 commentaire:

  1. Extrait de la résolution adopté par l'assemblée départementale des sciences juridiques d'une Université québécoise en décembre dernier qui résume bien l'enjeu.

    "Cette augmentation s’inscrit dans une tendance à la marchandisation de l’éducation de par laquelle la société québécoise se déresponsabilise et remet sur les seules épaules des individus la tâche de s’instruire ;

    Cette tendance à la marchandisation est de plus en plus inscrite dans le vocabulaire technocratique universitaire qui a notamment remplacé le terme de « population étudiante » par celui de « clientèle étudiante », tendance qui a comme effet de transformer le rapport pédagogique entretenu avec elle ; Ce nouveau rapport pédagogique fait en sorte que les professeurs et chargés de cours sont de moins en moins appelés à rendre des services à la société en formant des citoyens, et de plus en plus à vendre des services aux étudiants-clients en fonction des seuls besoins du marché ;

    La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et notamment son article 26 selon lequel,

    1.Toute personne a droit à l’éducation. (…) [et] l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.

    2. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. (…).
    Attendu l’article 13 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 en vertu duquel

    2. Les États parties au présent Pacte reconnaissent qu'en vue d'assurer le plein exercice de ce droit: (…)
    c) L'enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l'instauration progressive de la gratuité; (…).

    Attendu l’Observation générale n°13 sur le droit à l’éducation de 1999, du comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies, selon laquelle les États ont

    « L’obligation de prendre des mesures concrètes en vue d’assurer à terme la gratuité de l’enseignement secondaire et supérieur » (paragraphe 14, E/C.12/1999/10, 8 décembre 1999); l’Observation générale n°13 sur le droit à l’éducation et en particulier son paragraphe 7, relatif à la définition de l’expression « l'instauration progressive de la gratuité », selon lequel :

    « Les frais d'inscription imposés par le Gouvernement, les collectivités locales ou les établissements scolaires, et d'autres frais directs, sont un frein à l'exercice du droit et risquent de nuire à sa réalisation. Ils entraînent aussi souvent un net recul de ce droit ».

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