samedi 9 mai 2009

Les disparus qui auraient pu…

« Mais il y a aussi ceci : les pensées qui ne seront jamais pensées, les découvertes qui ne seront jamais faites, l’art qui ne sera jamais créé. Les problèmes, inscrits dans un cahier quelque part, un cahier survivant aux gens qui les ont inscrits, qui ne seront jamais résolus. »

Cette citation, tirée du livre Les disparus de Daniel Mendelsohn, que je viens d’ailleurs de terminer, m’a amenée à réfléchir sur un aspect que je n’avais jamais pris en compte auparavant ou si peu. Le fait que tant de choses auraient pu exister sans la mort de millions de personnes lors de guerres, de dictatures, de génocides…

Des théories jamais mises de l’avant, des tableaux inachevés, des livres jamais écrits, des inventions jamais inventées, une multitude de choses que nous ne verrons jamais et des gens qui sont partis dans l’oubli malgré un génie certain. Dans un sens, un monde où des personnalités telles qu’Albert Camus, Edith Piaf, Picasso, Freud ou Einstein n’ont pu éclore.

Triste n’est-ce pas ? Malgré le fait que nous ne connaissons pas ce qui n’a pas existé, il peut être intéressant de penser à un monde qui aurait été différent sans certaines barbaries des hommes.

Car en effet, jusqu’où peut aller la nature humaine ? Dans son livre Opération Walkyrie, Jean-Paul Picaper aborde cet aspect en citant Joachim Fest, historien et journaliste allemand : « L’optimiste séculaire induit par la civilisation qui se rengorgeait tant d’avoir dompté les instincts barbares, toute la confiance basique dans un monde en évolution qui, malgré tous les obstacles et les revers, allait tout de même vers une amélioration, ont pris fin avec Hitler, et nul ne sait ce qui pourrait y faire encore croire. »

On croyait ainsi que l’homme était devenu civilisé et qu’il s’améliorait, qu’il devenait meilleur. Il a suffi de peu pour remettre en question cette idée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des horreurs inconcevables sont survenues. Et malgré les leçons que les gens ont pu tirer de l’Histoire, d’autres atrocités ont été commises depuis la fin de cette guerre. Les raisons en cause : la religion, la nationalité, les idéologies, les convictions, les différences quoi!

Je rends donc hommage aux disparus, qui ont payé de leurs idées, de leur personnalité et de leur courage.

3 commentaires:

  1. Un bel hommage Valérie !

    Je me permettrais juste de dire que, en te lisant on a l'impression que tout ce qui n'a pas été fait (faute de temps) a été perdu; je dirais plutôt que c'est à nous et aux générations futures de les faire, de les imaginer et d'y croire !

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  2. Oui, dans un sens tu as raison. Moi aussi je crois beaucoup en notre génération et celles à venir et je sais que nous pouvons accomplir beaucoup de choses.

    En fait, je voulais dire "perdu" dans le sens où chaque personne est unique. Si Camus était mort avant d'écrire L'Étranger, nous n'aurions jamais pu lire ce livre. Personne ne l'aurait écrit de façon identique. D'un autre côté, dans d'autres domaines, la science par exemple, il est vrai que ce qui n'a pas été découvert par un scientifique du 20e siècle peut très bien l'être au 21e! On peut voir ça de plein de façons!

    En passant, merci pour tes commentaires! :)

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  3. Ce qui n'a pas été découvert par un scientifique du 20e siècle a peut-être été découvert par un autre scientifique du... 20e siècle.

    Jusqu'à la Renaissance, les connaissances, l'Art et les sciences en particulier, étaient plus difficiles à transmettre.

    Depuis les Lumières par contre, la société occidentale, puis mondiale, tend à se développer comme un tout. Les scientifiques collaborent, les artistes s'influencent.

    Sans Camus, nous n'aurions pas eu L'étranger dans sa forme originale, mais il est permis de penser qu'un autre auteur, probablement de son époque, aurait développé sur les thèmes de l'absurde et du suicide...

    De la même manière qu'il arrive souvent aujourd'hui qu'une même découverte scientifique soit faite à deux endroits différents presque au même moment.

    Les oeuvres sont de plus en plus collectives. Le monde est de plus en plus interrelié. En fait, ce sont surtout les sociétés moins développées qui souffrent de ce que tu décris. Ce qui n'aide pas ces sociétés à rattraper leur retard face au reste de la planète.

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